Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/388

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mort infâme, et ne sommes-nous pas ici attachées à toi, le servant avec joie ? Ne voyons-nous pas l’éblouissant soleil des cieux et l’objet le plus beau de la terre, toi, si bienveillante pour nous, heureuses que nous sommes ?

HÉLÈNE.

Que les destinées s’accomplissent ! Quelque sort qui m’attende, il convient que je monte sans retard dans la maison royale, qui, longtemps regrettée et vivement désirée et presque perdue, se trouve de nouveau devant mes yeux, je ne sais comment. Mes pieds ne me portent plus si vivement sur les hautes marches, que je franchissais d’un pas enfantin.

LE CHOEUR.

O mes sœurs, tristes captives, rejetez bien loin toutes les douleurs ; partagez le bonheur de notre maîtresse, partagez le bonheur d’Hélène, qui revient joyeusement au foyer paternel, d’un pied tardif sans doute, mais d’autant plus sûr.

Célébrez les dieux saints, qui rétablissent le bonheur et qui ramènent dans la patrie. Celui qu’on délivre de ses chaînes plane, comme avec des ailes, sur les lieux les plus sauvages, tandis que le prisonnier, dévoré de désirs, se consume en vain, étendant les bras par-dessus les créneaux de sa prison.

Mais un dieu l’a prise dans ses bras, l’exilée, et, des ruines d’Ilion, il l’a rapportée en ces lieux dans l’antique maison paternelle, nouvellement décorée, après des joies et des douleurs ineffables, pour se rappeler, au sein d’une vie nouvelle, le premier temps de sa jeunesse.

Panthalis, remplissant le râle de coryphée.

Quittez les joyeux sentiers du chant, et tournez vos regards vers les battants de la porte. Que vois-je, mes sœurs ? La reine ne revient-elle pas vers nous à pas précipités ? Qu’est cela, grande reine ? Au lieu de l’hommage des tiens, quel objet effrayant à pu s’offrir à ta vue dans les salles de ton palais ? Tu ne saurais le cacher, car je vois l’horreur sur ton front, et un noble courroux, qui lutte avec la surprise.

HÉlÈne, émue. Elle a laùsé ouverts les battants de la porte.

Une crainte vulgaire ne sied pas à la fille de Jupiter, et la main légère et fugitive de là frayeur ne saurait l’atteindre. Mais elle ébranle même la poitrine du héros, l’épouvante qui, sortie,