Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/93

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De tout mon cœur.

ANT10PE.

Ton père me l’a aussi juré.

ElpÉnor.

Et je le promets et je le jure sur tes mains consacrées et saintes.

Antiope. 

Et je reçois pour l’absent ton serment, ta promesse.

ELPÉNOR.

Indique-moi cependant à quel signe je dois le reconnaître ?

ANTIOPE.

Comment les dieux l’amèneront, quel témoignage ils lui rendront, je l’ignore : mais souviens-toi qu’à l’heure où les brigands me le ravirent, était suspendue à son cou une petite chaîne d’or, trois fois élégamment tordue, et à la chaîne pendait une image du soleil artistement gravée.

ELPÉNOR.

J’en garderai le souvenir."

ANTIOPE.

Je puis te donner un autre signe encore, difficile à imiter, et témoignage tout à fait irrécusable de la parenté.

ELPÉNOR.

Dis-le moi clairement.

ANTIOPE.,

11 porte sur la nuque une tache brune, comme je l’ai remar quée aussi sur toi, avec une joyeuse surprise. De votre aïeul, cette marque s’est transmise aux deux petits-fils, restée invisible chez les deux pères. Prends-y garde, et observe avec attention ce signe certain de la vertu native.

ELPÉNOR.

Nul ne pourra se substituer à lui et m’abuser.

ANTIOPE.

Qu’il soit plus beau pour toi que le but de la vengeance, ce regard vers les derniers ternies de ta course ! Adieu ! adieu ! Cent fois je répète ce que je dis à regret pour la dernière fois, et pourtant il faut que je te laisse, cher enfant. La secrète et profonde contemplation de ton sort futur flotte, comme une divinité,