Page:Gogol - Nouvelles de Pétersbourg (extraits Le Portrait ; Le Nez), 1998.djvu/33

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journal publiait, à la suite d’une annonce vantant les qualités d’une nouvelle chandelle, un article intitulé : « L’extraordinaire talent de Tchartkov. »

« Hâtons-nous de complimenter les habitants éclairés de notre capitale : ils viennent de faire une acquisition qu’on nous permettra de qualifier de magnifique à tous les points de vue. Chacun se plaît à reconnaître qu’on trouve chez nous un grand nombre de charmants visages et d’heureuses physionomies ; mais nous ne possédions pas encore le moyen de les faire passer à la postérité par l’entremise miraculeuse du pinceau. Cette lacune est désormais comblée : un peintre est apparu qui réunit en lui toutes les qualités nécessaires. Dorénavant nos beautés seront sûres de se voir rendues dans toute leur grâce exquise, aérienne, enchanteresse, semblable à celle des papillons qui voltigent parmi les fleurs printanières. Le respectable père de famille se verra entouré de tous les siens. Le négociant comme le militaire, l’homme d’État comme le simple citoyen, chacun continuera sa carrière avec un zèle redoublé. Hâtez-vous, hâtez-vous, entrez chez lui, au retour d’une promenade, d’une visite à un ami, à une cousine, à un beau magasin ; hâtez-vous d’y aller d’où que vous veniez. Vous verrez dans son magnifique atelier (Perspective Nevski, n°…) une multitude de portraits dignes des Van Dyck et des Titien. On ne sait trop qu’admirer davantage en eux : la vigueur de la touche, l’éclat de la palette ou la ressemblance avec l’original. Soyez loué, ô peintre, vous avez tiré un bon numéro à la loterie ! Bravo, André Pétrovitch ! (Le journaliste aimait