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CHAPITRE XIV.

Nouvelles tribulations : une preuve que ce qui a l’air d’un mal peut être un bien.

Le voyage de mes filles à Londres fut décidé. M. Thornhill eut l’obligeance de nous promettre que lui-même surveillerait leur conduite, et nous écrirait pour nous tenir au courant.

Il était d’absolue nécessité que leur mise répondit à la grandeur de leur attente : on le reconnut ; mais, pour cela, grande dépense. On agita donc, en plein conseil, les meilleurs moyens de faire de l’argent, ou, en termes plus clairs, ce qu’il convenait le mieux de vendre. La délibération ne fut pas longue. Arrêté que le cheval qui nous restait ne pouvait plus aller ni à la charrue sans son camarade, ni à la selle avec un œil de moins ; arrêté, par suite, qu’il fallait, pour le motif ci-dessus, le vendre à la foire voisine ; et, pour prévenir une nouvelle duperie, je dus l’y mener moi-même. C’était un des premiers coups de commerce de ma vie : pourtant, je ne fis pas doute de m’en tirer avec honneur. L’opinion qu’un homme a de sa propre capacité se mesure à celle de ses entours, et, comme la mienne était cotée très-haut dans la famille, je n’avais pas mauvaise idée de mon aptitude aux choses de ce monde.