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CHAPITRE XIX.

Un mécontent qui craint la perte de nos libertés.

La maison où nous allions souper était située à peu de distance du village. Notre hôte nous proposa, sa voiture n’étant pas prête, de nous conduire à pied, et nous arrivâmes bientôt à une des plus magnifiques habitations que j’aie vues dans cette partie du pays.

Le salon dans lequel on nous reçut était d’une élégance parfaite, et dans le goût le plus moderne. Pendant que le maître donnait ses ordres, le comédien, avec un clin d’œil, me fit la remarque que nous étions parfaitement tombés. Bientôt notre hôte reparut ; un souper élégant fut servi, deux ou trois dames entrèrent dans un négligé de bon ton, et la conversation s’engagea avec beaucoup de vivacité. Toutefois, la politique était le champ dans lequel notre hôte aimait surtout à se lancer ; car il assurait que la liberté était, tout ensemble, son orgueil et son effroi.

La nappe levée, il me demanda si j’avais lu le dernier Monitor. « Non, répondis-je. — Comment ! ni l’Auditor, je suppose ? — Pas davantage, monsieur. — C’est étrange… fort étrange ! En ce moment