Page:Goldsmith - Le Vicaire.djvu/141

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je lis, moi, toutes les publications politiques qui paraissent : le Daily, le Public, le Ledger, la Chronicle, le London-Evening, le Whitehall-Evening, les dix-sept Magazines et les deux Revues, et quoiqu’elles se détestent l’une l’autre, je les aime toutes. La liberté, monsieur, la liberté est l’orgueil du Breton, et, de par mes mines de charbon de Cornouailles ! je vénère ses défenseurs, — Il est dès lors présumable que vous vénérez le roi. — Oui, quand il fait ce que nous voulons ; mais s’il marche comme il a marché tout récemment, je ne me mêle plus de ses affaires. Je ne dis rien, je me contente de penser. J’aurais mené les choses beaucoup mieux. Le roi n’a pas eu, selon moi, assez d’avis ; il devrait s’entendre avec toute personne qui veut bien lui donner un avis, et les choses iraient beaucoup plus droit.

— Tous ces donneurs d’avis, je voudrais, moi, les voir cloués au pilori. Le devoir des honnêtes gens serait de prêter main-forte au côté le plus faible de notre constitution, à ce pouvoir sacré qui, depuis quelques années, va chaque jour s’affaiblissant et perdant la part d’influence qu’il doit avoir dans l’État. Au lieu de cela, les ignorants !… ils nous répètent toujours leur même cri de liberté, et, s’ils ont quelque poids, ils le jettent lâchement du côté où penche la balance !

— Comment ! s’écria une des dames, en dois-je croire mes yeux ? Un homme assez bas, assez méprisable pour se faire l’ennemi de la liberté et le champion des tyrans ! La liberté ! ce présent sacré du ciel, ce glorieux privilège des Bretons !

— Est-il possible, ajouta notre hôte, qu’il se trouve aujourd’hui encore des apologistes de l’esclavage ? des hommes qui veulent le honteux abandon des privilèges des Bretons ? Est-il possible qu’on soit lâche à ce point ?

— Non, monsieur ; je veux, moi, la liberté, cet attribut des dieux ! la glorieuse liberté ! ce texte éternel des déclamations de nos jours. Oh ! je voudrais que tous les hommes fussent rois ; je voudrais