Page:Goldsmith - Le Vicaire.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

CHAPITRE XX.

Un philosophe errant qui court après la nouveauté et perd le bonheur.

Quand nous eûmes soupé, mistriss Arnold offrit poliment à George d’envoyer chercher son bagage par deux domestiques. Il s’y refusa d’abord ; puis, comme elle insistait, il fut contraint de lui avouer qu’un bâton et un sac de nuit étaient tout le mobilier qu’il possédait au monde. « Ah ! mon fils, lui dis-je, pauvre tu m’as quitté, et pauvre te voilà revenu ; pourtant, je n’en fais aucun doute, tu dois avoir vu bien du pays ! — Oui, monsieur, répondit-il ; mais courir après la fortune n’est pas le moyen de la fixer. Aussi, par ma foi, j’ai depuis quelque temps cessé de la poursuivre. — J’imagine, dit mistriss Arnold, que le récit de vos aventures serait fort intéressant. Ma nièce m’en a quelquefois conté la première partie ; si nous pouvions obtenir de vous le reste, nous vous aurions une obligation de plus. — Le plaisir, madame, que vous pourrez avoir à les écouter, sera loin d’être aussi grand que l’honneur que je trouve à vous les dire. Toutefois, je ne puis guère, dans tout mon récit, vous promettre une seule aventure, car ce que vous allez entendre est plutôt ce que j’ai vu que ce que j’ai fait.