Page:Goldsmith - Le Vicaire.djvu/16

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que. Les vents contraires le retiennent, et il profite, pour visiter la ville de Cork, où il allait s’embarquer, du moment que son capitaine a pris pour faire voile. Il renonce alors à la carrière de l’Église et de la prédication pour suivre celle de la jurisprudence et du barreau. Il ne portera plus les lumières du christianisme aux sauvages, mais il défendra l’innocent opprimé ; il couvrira d’une protection tutélaire les droits de la veuve et de l’orphelin ; il accomplira en Europe des devoirs qui ne sont guère moins difficiles, et qui sont bien plus mal compris que ceux de l’apôtre des missions. Grâces aux bontés de M. Contarine, son oncle et son tuteur, il se dispose à venir étudier le droit à l’école du Temple, de Londres ; mais un escroc le rencontre à Dublin, et le dépouille au jeu. De retour dans sa famille, après deux voyages qu’il n’a pas faits, il sent se développer en lui un goût passionné pour les sciences médicales, qu’il n’a pas étudiées. Sa mère, frappée de ses dispositions pour l’art équivoque d’Hippocrate, l’envoie au collège d’Édimbourg, où il se lie avec les jeunes gens les plus dissipés, prodigue son faible pécule avec ceux qui ont, s’épuise en faveur de ceux qui n’ont pas, solde pour tous, et répond quand il ne peut payer, tranquille de toute la sécurité d’un poëte, jusqu’au jour des échéances, jour fatal où les exigences de la loi n’épargnent ni les médecins, ni les légistes. Heureusement la mer lui reste encore ; il n’a pu ni l’engager, ni la vendre, et la renommée atteste que l’anatomie fleurit en Hollande sous Albinus, la chimie sous Gaubius, la médecine dans toutes ses parties sous les traditions encore récentes de Boërhaave. Olivier Goldsmith se rend à Leyde, ou, pour mieux dire, il s’y