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CHAPITRE XXII.

On pardonne aisément quand on aime.

Le lendemain matin, je pris ma fille en croupe, et nous voilà trottant vers le logis. Chemin faisant, je m’efforçais, par tous les moyens de persuasion, de calmer ses chagrins et ses frayeurs, et de l’armer de courage pour supporter la présence d’une mère offensée. Dans le spectacle du beau pays que nous traversions, je saisissais toutes les occasions de prouver combien le ciel est pour nous meilleur que nous ne le sommes l’un pour l’autre ; combien, du fait de la nature, les malheurs sont peu de chose. Je lui protestais que jamais elle ne verrait de changement dans ma tendresse, et que, durant toute ma vie qui pouvait être longue encore, elle trouverait toujours en moi un protecteur et un guide. Je l’armais contre les censures du monde ; je lui montrais que les livres sont les meilleurs amis des malheureux, ceux dont il n’a jamais de reproches à craindre ; que s’ils ne peuvent nous donner les joies de la vie, au moins ils nous apprennent à les supporter.

Le cheval de louage que nous montions devait, ce soir même, être laissé dans une auberge sur la route, à cinq milles environ de mon