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CHAPITRE V.

Une nouvelle et grande connaissance. Ce dont nous attendons le plus nous devient, généralement, le plus fatal.

À peu de distance de la maison, mon prédécesseur avait construit un banc ombragé par une haie d’aubépine et de chèvrefeuille. C’était là, quand le temps était beau et notre tâche finie de bonne heure, que nous avions l’habitude de nous asseoir tous ensemble pour jouir, dans le calme de la soirée, d’un paysage à perte de vue. Là aussi nous prenions le thé, devenu pour nous, désormais, un repas extraordinaire ; et, comme ce repas venait rarement, il répandait une joie nouvelle ; car on mettait toujours aux préparatifs une certaine dose d’importance et de cérémonie. Ces jours-là, les deux marmots nous faisaient régulièrement la lecture, et on les servait très-exactement, quand nous avions fini. Quelquefois, pour varier nos plaisirs, mes filles chantaient en s’accompagnant de la guitare, et, pendant leur petit concert, ma femme et moi nous descendions la pente du coteau émaillé de campanules et de bluets, pour causer, avec délices, de nos enfants, et pour jouir de la brise dont le souffle nous apportait, à la fois, la santé et l’harmonie.

De cette façon, nous commencions à trouver que toute position,