Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/114

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À travers les carreaux de la seconde, il aperçut des casiers, des cartons, et devant, le petit établi de son état, avec les grands ciseaux, le pot à retailles, et le couteau à piquer pour déborder les peaux.

— Ta clef est chez le portier, lui dit-elle.

Ils entrèrent dans la première pièce, dans le magasin.

Elle se mit à vouloir tout lui montrer. Elle lui ouvrait les cartons, et elle riait. Puis poussant la porte de l’autre chambre : — Vois-tu, tu n’étoufferas pas là comme dans la soupente de ta mère… Ça te plaît-il ? Oh ! ce n’est pas beau, mais c’est propre… Je t’aurais voulu de l’acajou… Ça te plaît-il, cette descente de lit là ?… Et le papier… je je n’y pensais plus… Elle lui mit dans la main une quittance de loyer. — Tiens ! c’est pour six mois… Ah ! dame, il faut que tu te mettes tout de suite à gagner de l’argent… Voilà mes quatre sous de la caisse d’épargne finis du coup… Ah ! tiens, laisse-moi m’asseoir… T’as l’air si content… ça me fait un effet… ça me tourne… je n’ai plus de jambes…

Et elle se laissa glisser sur une chaise. Jupillon se pencha sur elle pour l’embrasser.

— Ah ! oui, il n’y en a plus, lui dit-elle, en lui voyant chercher de l’œil ses boucles d’oreilles. C’est comme mes bagues… Tiens, vois-tu, plus rien…

Et elle lui montra ses mains dégarnies des pauvres bijoux qu’elle avait travaillé si longtemps à