Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/146

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matismes où, malgré tous les bourrelets du monde, il vous passe de ces gueux de courants d’air… C’est cela, ranime un peu le feu…

Et allongeant ses pieds vers Germinie agenouillée devant la cheminée, les lui mettant, en riant, sous le nez : — Sais-tu qu’il en faut pas mal de cette philosophie-là… pour porter des bas percés !… Bête ! ce n’est pas pour te gronder ; je sais bien, tu ne peux tout faire… Par exemple, tu pourrais bien faire venir une femme pour raccommoder… Ce n’est pas bien difficile… Pourquoi ne dis-tu pas à cette petite qui est venue l’année dernière ? Elle avait une figure qui me revenait.

— Oh ! elle était noire comme une taupe, mademoiselle.

— Bon ! j’étais sûre… Toi d’abord, tu ne trouves jamais personne de bien… Ce n’est pas vrai ça ? Mais est-ce que ce n’était pas une nièce à la mère Jupillon ? On pourrait la prendre un jour… deux jours par semaine…

— Jamais cette traînée-là ne remettra les pieds ici.

— Allons, encore des histoires ! Tu es étonnante toi pour adorer les gens, et puis ne plus pouvoir les voir… Qu’est-ce qu’elle t’a fait ?

— C’est une perdue, je vous dis.

— Bah ! qu’est-ce que ça fait à mon linge !

— Mais, mademoiselle…

— Eh bien ! trouves-m’en une autre… Je n’y tiens pas à celle-là… Mais trouves-m’en une.