Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/153

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trer ses talents… Au fait, tu ne sais pas, on dit que sa vieille est souffrante… Si elle venait à s’en aller, cette bonne demoiselle, et qu’elle lui laisse tout le bibelot, comme ça court dans le quartier… hein ? m’man, ça serait encore pas mal bête de l’avoir envoyée à la balançoire ? Il faut mettre des gants, vois-tu, m’man, quand c’est des personnes auxquelles il peut tomber comme ça quatre ou cinq mille livres de rente sur le casaquin…

— Ah ! mon Dieu… qu’est-ce que tu me dis ! Mais après la scène que je lui ai faite… oh ! non, elle ne voudra jamais revenir ici.

— Eh bien ! moi je te la ramènerai… et pas plus tard que ce soir, fit Jupillon en se levant, et roulant une cigarette entre les doigts : — Tu sais, dit-il à sa mère, pas d’excuses, c’est inutile… Et de la froideur… Aie l’air de la recevoir seulement pour moi, par faiblesse… On ne sait pas ce qui peut arriver ; faut toujours se garder à carreau.


XXX.


Jupillon se promenait de long en large, sur le trottoir, devant la maison de Germinie, quand Germinie sortit.

— Bonsoir, Germinie, lui dit-il dans le dos.

Elle se retourna comme sous un coup, et fit in-