Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/254

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der sur son visage les pâleurs de son mal et le masque de sa mort !

Malgré la toux atroce qui secouait, toute la nuit, ses insomnies, malgré le dégoût de son estomac repoussant la nourriture, elle passa ainsi tout l’hiver à se vaincre et à se surmonter, à se débattre avec les hauts et les bas de la maladie.

Chaque fois qu’il venait, le médecin disait à mademoiselle qu’il ne voyait chez sa bonne aucun des organes essentiels à la vie attaqué d’une manière grave. Les poumons étaient bien un peu ulcérés en haut ; mais on guérit de cela. Seulement c’est un corps bien usé, bien usé, répétait-il avec un certain accent triste, un air presque embarrassé qui frappait mademoiselle. Et il parlait toujours, à la fin de ses visites, de changement d’air, de campagne.


LX.


Au mois d’août, le médecin ne trouvait plus que cela à conseiller, à ordonner : la campagne. Malgré la peine qu’ont les vieilles gens à se déplacer, à changer le lieu, les habitudes, les heures de leur vie, en dépit de son humeur casanière et de l’espèce de déchirement qu’elle ressentait à s’arracher de son intérieur, mademoiselle se décida à emmener Germinie à la campagne. Elle écrivit à une fille de