Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/85

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Elle montait et descendait pour un rien. Sur un mot de mademoiselle, elle dégringolait les cinq étages. Quand elle était assise, ses pieds dansaient sur le parquet. Elle frottait, nettoyait, rangeait, battait, secouait, lavait, sans repos ni trêve, toujours à l’ouvrage, remplissant l’appartement de ses allées, de ses venues, du tapage incessant de sa personne.

— Mon Dieu ! lui disait sa maîtresse étourdie comme par le bruit d’un enfant, es-tu bousculante, Germinie ! l’es-tu assez !

Un jour, en entrant dans la cuisine de Germinie, mademoiselle vit un peu de terre dans une boîte à cigares posée dans le plomb. — Qu’est-ce que c’est ça ? lui dit-elle. — C’est du gazon… que j’ai semé… pour voir, fit Germinie. — Tu aimes donc le gazon maintenant ?… Il ne te manque plus que d’avoir des serins !


XI.


Au bout de quelques mois, la vie, toute la vie de Germinie appartint à la crémière. Le service de mademoiselle n’était guère assujettissant et lui prenait bien peu de temps. Un merlan, une côtelette, c’était toute la cuisine à faire. Le soir, mademoiselle aurait pu la garder auprès d’elle pour lui tenir compagnie : elle aimait mieux l’envoyer promener, la