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des drapeaux de toutes les nations, il nous venait l’impression d’errer dans les rues de l’Empire du Milieu, peintes par Hildebrand dans son Tour du monde, sous les zigzags claquants de leurs enseignes et de leurs oriflammes.

Vendredi 31 mai. — « Pardon, je suis en retard… c’est que le surtout de la table n’est arrivé qu’à six heures, et le comte a voulu absolument le monter lui-même. » C’est la Païva qui nous dit cela. Elle a une robe de mousseline, qu’elle dit lui avoir coûté 37 francs, et 500 000 de perles au cou et aux bras.

Nous sommes dans ce salon fameux, et qui ne vaut pas le bruit qu’il fait, au milieu de ces peintures faites et encore à faire, destinées à représenter l’Assomption de la courtisane, et commençant à Cléopâtre et finissant par la maîtresse de la maison aumônant des égyptiaques.

Dans toute cette richesse, rien qui soit de l’art que le plafond de Baudry, un semis de divinités un peu délié, un Olympe disjoint, mais d’une distinction de coloris délicieuse, et au milieu duquel se lève une Vénus hanchant sur sa belle cuisse gauche qui est, dans une riante apothéose de chair véronésienne, une adorable académie. Le reste, une œuvre de tapissier, sans un morceau du passé, sans un meuble, une statue, un tableau, qui sauve une maison du tout neuf, et y met l’intérêt et l’amusant de l’historique.