Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/161

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vent parfois à s’envelopper, sans la mettre en eux.

Une maison, pendant toute la saison de Vichy, une maison d’allants et de venants, où les honneurs sont faits par les M… un curieux ménage de nomades de la société, ne dînant jamais chez eux à Paris, et tout l’été se partageant entre des maisons de campagne d’amis : le mari, le chanteur comique, à la tête de capucin de la chansonnette, avec son front d’ivoire, ses sourcils d’astrakan, ses yeux et son rire de poussah ; la femme, une très gracieuse et aimable femme.

Là, passent des femmes déclassées, des femmes du monde qui n’y ont plus guère qu’une jambe, des pianistes femelles qui semblent revenues de partout, et qui dans des robes noires, qui ressemblent à du papier brûlé, regardent avec la philosophie de la vieillesse de la femme laide, l’amour qui se fait dans les coins ; et en fait d’hommes, beaucoup de messieurs de toute espèce, énormément d’architectes, et le dernier prix de Rome de paysage, le dernier, dieu merci, un peintre qui fait estimer le génie de Thénot.

Dimanche 28 juillet. — Clermont.

À l’hôtel, une chambre aux rideaux de fenêtres couleur de pâte d’abricot, au canapé de fausse moquette suspecte, aux descentes de lit pouilleuses ; — et le matin sur tout le corps des ampoules semblables à des boîtes de montres.

Nous prenons l’omnibus pour Royat, un coin de