Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

de Hooghe, recelant des vieilles en chapeau de paille de mendiantes sur la tête, et qu’on eût dit peintes par un Memling du fouchtra.

À l’hôtel, en rentrant, notre chambre nous paraît d’une saleté plus menaçante, et le lion représenté sur nos descentes de lit, plus triste et plus mangé de vermine que le matin. La peur nous prend, et nous nous sauvons de l’Auvergne.

29 juillet. — Retour à Paris.

3 août. — Saint-Gratien.

Eudore Soulié déclarait aujourd’hui très justement qu’il y avait deux Sainte-Beuve : le Sainte-Beuve de sa chambre d’en haut, du cabinet de travail, de l’étude, de la pensée, de l’esprit ; et un tout autre Sainte-Beuve : le Sainte-Beuve du rez-de-chaussée, le Sainte-Beuve dans sa salle à manger, en famille, au milieu de la manchote sa maîtresse, de Marie sa cuisinière et de ses deux bonnes. Dans ce milieu bas, Sainte-Beuve devient un petit bourgeois, fermé à tous les grands côtés de sa vie d’en haut, une espèce de boutiquier en goguette, l’intellect rapetissé par les ragots, les âneries, les rabâchages imbéciles des femmes.

5 août. — La princesse fait ordinairement, après