Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/282

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au grain de beauté sur la plus blanche poitrine du monde, décolletée en carré. Elle est accompagnée d’une Wurtembergeoise à rougeurs, et à baragouin des banquiers allemands de Balzac, une procureuse, ayant la spécialité de fournir des religieuses en imitation à un Crésus de la banque juive ; — enfin une sous-Guimond, une boutique des secrets, des scandales, des horreurs de Paris, une de ces créatures profondes et bredouillantes, que le Rhin nous envoie armées de toutes les ruses et de tous les dessous d’un Metternich en jupon…

Entre ces très jeunes gens, le plaisir est bruyant, brutal. Dans l’ivresse on se cogne, on se tape, on se poursuit dans les chambres du haut, et à la fin ça tourne à la chiade de collège… si bien qu’à la note de 400 francs du dîner, vient s’ajouter 75 centimes d’arnica pour la Wurtembergeoise, qui en se sauvant s’est fait, au coccyx, un noir contre une porte.

22 février. — Depuis que notre livre est paru, pas une lettre, pas un mot, pas un compliment même banal d’un quelconque ; — sauf une bonne poignée de main et un speach éloquent de Flaubert. Une profonde tristesse de cette ligue du silence.

— Un curieux mot de mère pieuse, de femme honnête à son gendre, lent à arriver à l’acte du mariage, mot que ne trouverait jamais une femme qui