Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus colorée peinture qui soit, à ce point que, si par un progrès qu’on peut prévoir, on parvenait à fixer ces images colorées, il n’y aurait plus d’art de peindre.

Un moment le montreur de cette magie a fait tenir, sur le rond de mon chapeau gris, toute une chaîne de montagnes qui ressemblait à une impression japonaise sur une feuille de crêpe.

30 juin. — Des journées, où dans le vide, l’ennui, le souci de la journée éternellement longue, on cherche à endormir, dans un dormichonnement, le cruel présent, — et encore des journées enfoncées en un noir silence.

2 juillet. — Départ de ce triste pays, de ces eaux de souffrance, de ces hôtels de bruit, de ces tables d’hôte s’allongeant, tous les jours, sous des rallonges de sots.

7 juillet. — Toute la journée, entre les piétinements du cheval d’un côté et les cris des trois enfants de l’autre côté, nous sommes obligés d’aller nous étendre sur l’herbe du bois de Boulogne, comme des gens qui n’ont pas de domicile.

 

Ce soir nous nous traînons péniblement à Saint-Gratien, où le salon de la princesse a le contre-coup