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24 avril. — Dans la lecture d’un volume qu’il lit et qu’il interrompt, il cherche où il en est, et après avoir longtemps fatigué le volume de la promenade de ses mains dessus, il me jette d’une voix timide : « Où en suis-je ? »

Vers le 30 avril. — Ce qui me fait désespérer, ce n’est, chez lui, ni l’affaissement de l’intelligence, ni la perte de la mémoire, ni tout enfin, c’est quelque chose d’indéfinissable que je ne puis mieux comparer qu’à l’apparition d’un autre être se glissant en lui.

Son métier, dont il a été longtemps préoccupé après sa cessation de travail, ne l’occupe plus ; ses livres sont pour lui, comme s’il ne les avait pas écrits.

Des pétrifications, des immobilités d’une demi-heure, avec des battements de paupières sur des pupilles remuantes et roulantes.

2 mai. — Quand on cause avec lui, il semble qu’on ait affaire à un dormeur qui s’éveille. Il a un hein ?