Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/68

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Au loin, un ciel assombri sur une mer aux troubles clartés, laissées dans l’eau par le soleil disparu, et où des silhouettes de gros bateaux échoués mettent des souvenirs de naufrages. La plage toute crépusculaire, traversée de promenades d’ombres chinoises, presque perdues dans la pénombre générale. Et devant soi, dans les ténèbres, la grande voix rythmée de la lame molle, et, dans le dos, la musique des airs de valse qui joue dans la lumière.

— En art, en littérature, je connais peu de révolutionnaires, nés sans pain.

— Quand l’homme vieillit, il éprouve le besoin d’une chose qui ne lui manquait pas du tout dans sa jeunesse : le silence.

31 juillet. — Les Académies ont été uniquement inventées pour préférer Bonnassieux à Barye, Flourens à Hugo, et tout le monde à Balzac.

— La grandeur de Dieu m’apparaît surtout dans l’infini de la souffrance humaine. Le nombre des maladies épouvante encore plus que le chiffre des étoiles.

— Un homme à Paris a cent mille francs à dépen-