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naises du plus haut intérêt. C’est une étude, en plusieurs planches, de la décomposition d’un corps, après la mort. C’est d’un macabre allemand, que je ne croyais pas pouvoir se retrouver dans l’art de l’Extrême-Orient.

Je retombe sur le boulevard à dix heures. La même foule qu’avant dîner. Des groupes, tout noirs, dans la nuit sans gaz. Tout ce monde faisant faction devant les kiosques, et attendant, dans une espérance qui est devenue un peu anxieuse, la troisième édition du journal : Le Soir, tardant à paraître.

Mme Masson me racontait, ces jours-ci, la visite qu’elle avait faite, à l’ambulance des Affaires Étrangères, au jeune Philippe Chevalier avant sa mort. Les salles ont, jusqu’à ce jour, gardé les glaces, les lustres, le décor doré des fêtes du Corps Législatif, et le mourant, qui se souvenait, dit à Mme Masson : « Là, à la place même où je suis, c’était le buffet ! ».

Vendredi 20 janvier. — La dépêche de Trochu, d’hier soir, me semble le commencement de la fin : elle me tue l’estomac.

J’envoie une portion de mon pain à un voisin, un pauvre garde national qui relève de maladie, et que Pélagie a trouvé déjeunant avec deux sous de cornichons.

À la Porte-Maillot, une foule moins nombreuse toutefois, que celle qui attendait à la barrière du Trône, après l’affaire de Champigny. Tout le monde