Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/43

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Rotonde à louer. Décidément les endroits meurent tout comme les individus.

Je n’entre jamais à l’Odéon, sans l’attente de quelque chose de désagréable, qui va m’être apporté par ce que j’entendrai ou ce que je verrai. Oh ! le théâtre, l’état abominablement nerveux, dans lequel ça vous tient, tout le temps qu’on vous joue. Je redoute le soir, où on me dira : On ne vous joue plus, tel jour, et cependant je l’appelle ce jour, où on me dira cela.

Lundi 6 avril. — Oui, j’ose le dire, je n’admire que les modernes. Et, envoyant promener mon éducation littéraire, je trouve Balzac, plus homme de génie que Shakespeare, et je déclare que son baron Hulot produit sur mon imagination, un effet plus intense que le Scandinave Hamlet. Cette impression peut-être, beaucoup la ressentent, mais personne n’a le courage de l’avouer — de l’avouer même à soi-même.

Je reçois ce soir, un billet de Porel, qui m’annonce que l’Odéon a fait, ces derniers jours de Carême et de Tonkin, des soirées de 1 000 francs, une de 500, et qu’hier enfin, jour de Pâques, on a eu toutes les peines du monde à monter à 1 500.

Mardi 7 avril. — À dîner chez Brébant, Hébrard faisant une énumération des présidents de la Cham-