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se détachant de feuilles vert pâle, sur un fond écru.

Comme pendant, en face, au-dessus d’un divan pour les apartés des causeurs, recouvert d’une robe de femme chinoise, entre des rangées d’assiettes coquille d’œuf, un kakémono brodé, où une gigantesque pivoine s’enlève, du milieu de glycines blanches, avec un relief énorme.

Mais la pièce orientale d’une grande valeur, qui décore cette pièce, c’est, au-dessus de la cheminée portant un chibatchi en bronze, damasquiné d’argent, entre deux cornets où sont incisées des grues et des tortues : c’est un tapis persan du XVIe siècle, ayant cet adorable velouté du velours ras, et tissé dans l’harmonie de deux couleurs de vieille mousse et de vieil or, qui en forment le fond, et sur lequel zigzaguent, ainsi que des vols aigus d’oiseaux de mer, des arabesques bleues.

La fenêtre qui, dans le démansardage des chambres formant le Grenier, a pris la profondeur de ces fenêtres du moyen âge, où de chaque côté se trouve un petit banc de pierre, est devenue, en cette baie retraitée, qui a du jour jusqu’à la nuit, le lieu d’étalage des gravures et des dessins aimés.

Sur la paroi de gauche, sont exposés : le Chat Malade de Watteau, cette spirituelle eau-forte de Liotard, avec seulement quelques rentraitures de burin : eau-forte mettant en scène l’« Alarme d’Iris » et contre l’opulent sein de la grasse fillette, la tête rebiffée de Minet, auquel un médecin ridicule du