Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/47

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sences momentanées de la mémoire, si entières, qu’il fallait renoncer à lui faire continuer les intelligents tours qu’elle exécutait en bonne santé ; et le trombone, d’ailleurs fort peu gâté par l’affection de ses semblables des deux sexes, s’était tellement attaché à la pauvre chienne, maintenant presque toujours souffreteuse, que, lorsqu’il lui voyait les yeux par trop rouges, il se privait de cette bienheureuse tasse de café, amassée sou à sou, pendant plusieurs jours, pour lui acheter une purge. De cela, non cependant de la purgation que Lariflette n’aimait point, mais de tous les soins qui accompagnaient cette purgation, la chienne invalide remerciait son bienfaiteur, en ses bons moments, par des regards où elle mettait tout ce que les yeux d’une bête peuvent contenir de tendresse, le remerciait même par un rire reconnaissant et montrant toutes ses dents, oui par un rire ! — car cette chienne riait. Et toute la troupe l’eût affirmé en justice, après avoir