Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/192

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cinq se dressaient, levant sur le lac le fer et le signe de leur croix.

Au milieu, un chêne vert énorme, semblable à un oranger monstrueux, taillé en meule, laissait tomber sous lui, vers les deux heures, de sa masse arrondie et plafonnante, solide et dense, l’ombre d’une table gigantesque ; à un pied et demi de sa base, un cercle de pierre et de mousse enserrait sa terre, mettant à son tronc le siège tournant d’un banc rustique, invitant au repos de ce lieu où dormait le jour, où le soleil ne tombait que par gouttes.

De là, on pouvait embrasser tout l’horizon, pareil à un grand sourire, le lac, la douce ligne serpentante des collines en face, ondulantes et fumeuses à gauche ainsi qu’une grève perdue dans de la vapeur, élancées sur la droite, montantes, accentuées, dessinant à leur pointe le souvenir du sein tari d’un volcan, puis redescendant, et s’en allant mourir dans la molle perspective rayonnante et poudroyante, splendide et bleuâtre, d’où se détachaient la ruine grillée de Rocca di Papa, Monte Cavi,