Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/219

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elle que les enseignements de sa raison. » Et à chaque parole nouvelle qui tombait de la chaire, Mme Gervaisais sentait comme un dévoilement plus entier du plus caché d’elle-même fait au public, une espèce de mise à nu et d’exposition flétrissante de ses idées, de ses doutes, de ses hésitations, des objections de sa pensée religieuse encore en révolte contre la révélation.

Le Père jésuite terminait ainsi : « Femme imprudente et téméraire, et non seulement imprudente et téméraire, mais misérable et infortunée ; car ce n’est pas seulement la créature qui souffre qu’on peut dire malheureuse : elle l’est aussi, celle qui s’expose à souffrir des peines éternelles… N’est pas malheureuse seulement la créature qui porte le poids de la colère divine ; mais encore celle qui ne fait rien pour s’en préserver. Or, que fait cette femme dont nous venons de parler ? Dans l’audace et l’insolence de son esprit, elle s’expose à transgresser les préceptes divins, elle ne se précautionne pas contre le crime de renverser cet ordre qu’il est souverainement probable