Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XII

Une grande tâche l’avait d’ailleurs, au début de sa vie, grandie et mûrie.

Sa mère était morte en couches, donnant le jour à un frère dont elle était l’aînée de huit ans. Toute petite, elle se fit, du plus petit qu’elle, la berceuse, la petite mère. Puis, lorsque ce frère eut grandi, il vint à la studieuse jeune fille qu’elle était déjà l’ambition d’être la maîtresse de son éducation, d’élever et de former cette naissante intelligence avec ce que les leçons de femme ont d’adresse persuasive, de douce insinuation, de tendre autorité. Elle rêvait de créer dans ce frère aimé un homme selon l’idéal qu’elle s’en faisait, et chez lequel elle trouverait plus tard la sympathie d’une pensée à l’unisson et presque jumelle de la sienne. Elle se vouait donc à ses études avec l’orgueil de tout son cœur. Le collége