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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

Si nous étudions quels sont les crimes les plus anti-sociaux, les plus visés par le code et les plus fréquents, nous ne tarderons pas à reconnaître qu’en dehors de quelques crimes passionnels, très rares et sur lesquels juges et médecins sont d’accord pour user d’indulgence, c’est l’atteinte à la propriété qui fournit le plus fort contingent de crimes ou de délits. C’est alors que se pose la question, à laquelle peuvent seuls répondre ceux qui ont bien étudié la Société dans sa nature et ses effets : « La propriété est-elle juste ? Une organisation qui engendre un tel nombre de crimes est-elle défendable ? »

Si ce régime entraîne avec lui tant d’actes qui sont une réaction inéluctable, il faut qu’il soit bien illogique, qu’il froisse bien des intérêts, et que le pacte social, loin d’avoir été unanimement et librement consenti, soit dénaturé par l’arbitraire et l’oppression. C’est ce que nous avons pris à tâche de démontrer dans cet ouvrage, et le vice fondamental de l’organisation sociale reconnu, nous constatons avec évidence que pour détruire les criminels, il faut détruire l’état social qui les engendre.

Faites que dans la société chaque individu soit assuré de la satisfaction de tous ses besoins ; que rien ne vienne l’entraver dans sa libre évolution ; que dans l’organisation sociale, il n’y ait pas d’institutions dont il puisse se servir pour entraver ses semblables, vous verrez les crimes disparaître ; s’il restait quelques natures isolées assez corrom-