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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

Vous dites que l’homme est mauvais, nous disons, nous, qu’il faut qu’il ait de réelles tendances à devenir bon pour que la société ne marche pas plus mal qu’elle ne va, pour que les crimes et les sinistres ne soient pas plus fréquents.

Malgré toutes ces incitations du milieu au mal, l’homme a pu développer des aspirations de solidarité, d’harmonie et de justice, et ces bons sentiments ont été exploités par ceux qui vivent de lui. Ces rêves de bonheur, ces tendances vers le mieux ont même fait sortir toute une classe de parasites qui ont spéculé sur ces aspirations des individus, en leur promettant de les réaliser.

Bien mieux, ces bons sentiments ont été punis comme subversifs de l’ordre social et, malgré tout, la tendance de l’humanité est de se diriger vers leur réalisation. Et l’on ose encore parler des mauvais sentiments de l’homme !

Les bons sentiments humains, les aspirations de liberté, de justice, ont été pourchassés et punis, parce que ceux qui étaient parvenus à se dégager de l’égoïsme féroce et étroit que contribue à éterniser la société actuelle, s’étant mis à rêver une ère de jouissances et d’harmonie générale, en arrivèrent à se demander comment il se faisait que, la société étant constituée pour le bonheur de tous, elle n’arrivait qu’à assurer les privilèges de quelques-uns !

Il fallut en conclure que la société était mal or-