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ET L’ANARCHIE

de la veille, à lutter côte à côte avec les ennemis du lendemain : Première preuve de l’absurdité du patriotisme.

Et puis, quoi de plus arbitraire que les frontières ? Pour quelle raison les hommes placés en deçà d’une ligne fictive, appartiennent-ils plutôt à une nation que les hommes placés au-delà ? L’arbitraire de ces distinctions est si évident, que l’on se réclame, aujourd’hui, de l’esprit de race pour justifier le parcage des peuples en nations distinctes. Mais là, encore, la distinction n’a aucune valeur et ne repose sur aucun fondement sérieux, car chaque nation n’est, elle-même, qu’un amalgame de races toutes différentes les unes des autres, et encore nous ne parlons pas des mélanges et des croisements que les rapports, de plus en plus développés, de plus en plus intimes qui s’opèrent entre nations, amènent tous les jours.


À ce compte-là, les anciennes divisions de la France en provinces étaient plus logiques, car elles tenaient compte des différences ethniques des populations qui les peuplaient. Mais, même aujourd’hui, cette considération n’aurait plus aucune valeur, car la race humaine marche de plus en plus vers son unification et l’absorption des variétés qui la divisent, pour ne laisser subsister que les différences de milieu et de climat qui auront été trop

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