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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

profondes pour pouvoir être modifiées complètement.


Mais où l’inconséquence est plus grande encore, pour la majeure partie de ceux qui se font tuer ainsi, sans avoir aucun motif de haine contre ceux qu’on leur désigne, c’est que ce sol qu’ils vont ainsi défendre ou conquérir ne leur appartient ni ne leur appartiendra. Ce sol appartient à une minorité de jouisseurs qui, à l’abri de tout accident, se chauffent tranquillement au coin de leur feu, pendant que les travailleurs vont niaisement se faire occire, qu’ils se laissent bêtement mettre des armes à la main pour arracher, à d’autres, le sol qui servira, à leurs maîtres, pour les exploiter davantage encore.

Nous avons vu, en effet, que la Propriété n’appartient pas à ceux qui la possèdent : le vol, le pillage et l’assassinat, déguisés sous les noms pompeux des conquêtes, colonisation, civilisation, patriotisme, n’en ont pas été les facteurs les moins importants. Nous ne reviendrons donc pas sur ce que nous avons dit sur sa formation ; mais, si les travailleurs étaient logiques, au lieu d’aller se battre pour défendre la Patrie… des autres, ils commenceraient par se débarrasser de ceux qui les commandent et les exploitent, ils inviteraient tous les travailleurs, quelle que soit leur nationalité, à en faire autant