Page:Grave - La Société mourante et l’anarchie.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
139
ET L’ANARCHIE

et s’uniraient tous ensemble pour produire et consommer à leur aise.

La terre est assez vaste pour nourrir tout le monde ; ce n’est pas le manque de place, la pénurie des vivres qui ont amené ces guerres sanglantes où des milliers d’hommes s’entr’égorgent pour la plus grande gloire et le plus grand profit de quelques-uns ; ce sont, au contraire, ces guerres iniques, suscitées par les besoins des gouvernants, les rivalités des ambitieux, la concurrence commerciale des grands capitalistes, qui ont parqué les peuples en nations distinctes et qui, au moyen âge, ont amené ces pestes et ces famines qui moissonnaient ce que les guerres avaient laissé debout.


Alors interviennent les bourgeois et, avec eux, les patriotes gobeurs, s’écriant : « Mais, si nous n’avions plus d’armée, les autres puissances viendraient nous faire la loi, nous massacrer, nous imposer des conditions plus dures encore que celles que nous subissons » ; certains même s’exclament, tout en ne croyant pas faire de patriotisme : « Nous ne sommes pas patriotes, certainement la propriété est mal partagée, la société a besoin d’être transformée, mais reconnaissez avec nous que la France est à la tête du Progrès, la laisser démembrer serait permettre un retour en arrière, ce serait perdre le fruit des luttes passées ; car, vaincue par une puissance despotique, c’en serait fait de nos libertés ! »