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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

chaque citoyen devrait faire le sacrifice de son existence, de sa liberté pour la défense du territoire ; d’après eux, enfin, la patrie représente l’intérêt général au plus haut point ; se sacrifier pour elle, c’est se sacrifier pour les siens et pour soi-même.

Nous n’aurons qu’à fouiller dans leurs traités d’économie politique pour les convaincre de mensonge, pour voir que toutes ces phrases ronflantes, que tous ces sentiments qu’ils étalent, ne sont que des blagues, à l’usage des niais qui s’y laissent prendre, des masques qu’ils ont soin de laisser au vestiaire dans l’intimité.

Voici ce que dit un de leurs docteurs politiques dont l’autorité est officiellement reconnue :

« … Ce qui maintient artificiellement l’état de guerre parmi les peuples civilisés, c’est l’intérêt des classes gouvernantes, c’est la prépondérance qu’elles conservent et dont elles sont précisément redevables à la continuation de l’état de guerre. » (G. de Molinari, L’Évolution politique au dix-neuvième siècle, Journal des Économistes, page 71)[1].

Comme on le voit, rien de plus net, et nos bons bourgeois qui déclament si haut contre ces affreux anarchistes, qui ont l’audace de démontrer aux travailleurs que leur intérêt est antagonique à celui de la classe bourgeoise, ne se font pas faute, entre

  1. Cet ouvrage a dû paraître en volume depuis sa publication dans le Journal des Économistes.