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ET L’ANARCHIE

« vieux brave », modèle de loyauté et de probité, attaché à son vieux général, dont il avait été le brosseur, le suivant dans toutes les péripéties de son existence, l’aidant à traverser les embûches que lui tendaient des ennemis invisibles, et, finalement, donnant sa vie pour sauver celle de ses maîtres, ou bien — pour changer — sauvant l’orphelin, le cachant et l’élevant en en faisant un héros et lui donnant les moyens de rentrer dans la fortune que lui avaient dérobée les ennemis de sa famille.

Il faut voir comment les poètes exaltaient le courage des braves troupiers ; l’honneur militaire, le dévouement, la fidélité, la loyauté, étaient leurs moindres vertus. Il a fallu que la bourgeoisie commît cette énorme bévue de forcer tous les individus à passer un temps plus ou moins long sous ses drapeaux pour qu’on vît que, sous les oripeaux brillants dont les littérateurs et les poètes s’étaient complu à couvrir l’idole, il ne se cachait que des infamies et de la pourriture. Le volontariat d’un an et les vingt-huit jours ont plus fait contre le militarisme que tout ce que l’on avait pu dire précédemment contre lui.


Aussi longtemps que les travailleurs avaient été les seuls à sacrifier leur jeunesse, à s’abrutir à la caserne, tant que, dans le public, on n’a connu, de l’armée, que sa mise en scène, l’éclat de ses cuivres, le roulement des tambours, l’or de ses galonnés, le