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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

jours ; mais le comble de l’art, c’est de vous faire cirer la semelle des souliers de rechange pendus au mur au-dessus de la tête de votre lit, en exigeant que les têtes de clous ressortent sans aucune tache de cirage !

Et les revues ! ça n’en finit plus. Les samedis, revue d’armes avec, toujours, les mêmes observations et les épithètes de sale soldat, espèce de cochon et autres aménités. Pour varier, vous avez les visites de propreté où votre capitaine s’assure si vous avez les bras et les pieds propres. Tous les mois, il y a mieux, c’est la visite dite sanitaire ; là, c’est les profondeurs les plus intimes que le charcutier du régiment vous examine. Ayez des délicatesses de sentiments, à l’armée on s’en fout ; vos délicatesses ne tarderont pas à être broyées sous l’ignoble patte de ceux qui vous commandent.


L’armée est l’école de l’égalité, nous disent les soudoyés de la bourgeoisie : l’égalité dans l’abrutissement, oui, mais ce n’est pas cette égalité que nous voulons.

Mais les revues continuent : tous les trois ou six mois, je ne me rappelle plus, c’est celle d’un intendant quelconque. Tous les ans, l’inspection générale par le divisionnaire.

Dans la quinzaine qui précède, branle-bas à la caserne. On fait nettoyer les locaux, les cuisines. Pour vous distraire, un jour vous avez revue du ser-