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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

Nous avons parlé du comble de l’art ; mais c’est ici le sublime que l’on atteint, en vous faisant cirer les pieds de lit ![1]


C’est là, dans ces revues présidées par un général, que se révèle la servilité des officiers subalternes et même des supérieurs. Dès que le général est signalé, vous voyez ces officiers, si arrogants devant le pauvre diable de pioupiou, se faire petits, se ranger bien humblement derrière le général qui, lui, se redresse, — quand il n’est pas cassé par le gâtisme, — fier comme Artaban. Et ces yeux furibonds foudroyant le misérable qui vient de donner prise à une observation du grand chef ! Horrible ! tous les officiers sont sens dessus dessous : voilà un troupier auquel il manque une aiguille, ou qui, ayant oublié que la quinzaine était finie de la veille, a boutonné sa capote à gauche quand il fallait la boutonner à droite. Le colonel en bégaie de fureur, le commandant en craque dans sa tunique, le capitaine est vert de frayeur ; le caporal seul ne dit rien : il sait que tout ce monde-là, à partir du sergent, va lui retomber sur le poil. Son affaire est claire ; il

  1. Le cirage joue un grand rôle dans l’armée. Cela nous rappelle un officier d’une compagnie d’infanterie de marine qui fit annoncer à ses hommes qu’ayant du boni à l’ordinaire, on allait augmenter les vivres : dès le lendemain, il devait leur faire toucher… du cirage et de l’encaustique !