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ET L’ANARCHIE

est vrai qu’à son tour, il se vengera sur le délinquant.


Entre temps, quand il n’y a pas de revue en perspective, ordinairement le samedi, après midi, afin de vous désennuyer, on sonne la corvée de quartier ; elle consiste à vous faire promener dans la cour de la caserne, à vous faire ramasser en tas les pierres et les cailloux qui peuvent s’y trouver. Après une heure de cet agréable passe-temps, vous remontez dans les chambres ; les petits tas de cailloux sont dispersés par les allées et venues des passants de la semaine, et vous recommencez le samedi suivant. Le métier militaire a de ces petites distractions tout à fait spirituelles.

Et lorsque le soir, après des journées si remplies, vous éprouvez le besoin de causer avec vos compagnons de chaîne, leur conversation n’est pas faite pour vous relever le moral et vous inspirer de grandes pensées. Vous apercevez un groupe où l’on rit à se tordre ; vous vous approchez, vous imaginant entendre des choses spirituelles… C’est un idiot qui remâche des gravelures qui ne sont ni neuves ni dites avec esprit. Vous vous retournez, écœuré ; vous tombez dans un autre groupe d’abrutis qui bavent de jouissance rien qu’en rappelant les saouleries qu’ils ont prises, ou à la pensée de la cuite qu’ils vont se fourrer lorsque la carotte qu’ils