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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

ont tirée aux parents aura réussi à amener une pièce de cent sous ou deux.


Soulographie et débauche crapuleuse : n’essayez pas de sortir de là, ils ne vous comprendront pas. Il n’existe plus rien en dehors de ces deux jouissances : Étonnez-vous, après cela, qu’après trois ans de ce régime, il sorte de la caserne tant d’individus capables de faire des gendarmes et des policiers. L’armée n’est qu’une école de démoralisation ; elle ne peut produire que des mouchards, des fainéants et des ivrognes. Bien petit est le nombre de ceux qui résistent à ces trois années d’abrutissement, et ils n’y résistent pas si complètement qu’ils n’en gardent quelques vestiges pendant longtemps encore, après en être sortis.

Oh ! cette discipline brutale et abjecte, ce qu’elle vous brise un homme, lui broie le cerveau, lui déforme le caractère, détruit sa volonté ! Horrible machine à abrutir, à laquelle vous donnez un jeune homme qui ne demande qu’à s’épanouir aux sentiments du Beau et du Vrai, dont l’énergie pourrait se développer dans la lutte de tous les jours, pour la vie, dont l’intellectualité pourrait s’élargir sous la pression du savoir déjà acquis et du besoin de savoir encore plus, la discipline lui met une chape de plomb qui lui comprimera et lui rétrécira le cerveau tous les jours ; jusqu’aux battements de son cœur dont elle ralentira le rythme. Après l’avoir