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ET L’ANARCHIE

broyé pendant trois ans sous les multiples engrenages de sa hiérarchie, elle vous rendra une loque informe, si elle ne l’a pas dévorée complètement.


Nous avons vu, bourgeois féroces, que cette Patrie dont vous vouliez nous faire les défenseurs n’était que l’organisation de vos privilèges ; ce militarisme, que vous enseignez être un devoir auquel tous doivent se conformer, n’est institué que pour votre seule défense, dont vous laissez retomber tout le poids sur ceux contre qui elle est dirigée, vous fournissant par-dessus le marché l’occasion de faire tomber grades, honneurs et traitements sur ceux des vôtres incapables de remplir d’autres fonctions plus relevées, en même temps que ces grades et traitements servent d’appât aux ambitions malsaines de ceux qui abandonnent la classe d’où ils sont sortis pour se faire vos garde-chiourme.

Que nous importent votre Patrie, vos frontières et vos délimitations arbitraires de peuples ! Votre Patrie nous exploite, vos frontières nous étouffent, vos nationalités nous sont étrangères. Nous sommes des hommes, citoyens de l’univers ; tous les hommes sont nos frères : nos seuls ennemis sont nos maîtres, ceux qui nous exploitent, nous empêchent d’évoluer librement, de nous développer dans toute la plénitude de nos forces. Nous ne voulons plus vous servir de jouets, nous ne voulons plus nous faire les défenseurs de vos privilèges, nous ne voulons plus