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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

nous laisser imposer la livrée dégradante de votre militarisme, le joug abrutissant de votre discipline. Nous ne voulons plus courber la tête, nous voulons être libres.


Et vous, pauvres diables destinés à tomber sous le coup de la loi militaire, et qui lisez, dans les journaux, le récit des injustices commises tous les jours au nom de la discipline, qui n’êtes pas sans entendre raconter de temps à autre les infamies dont sont victimes ceux qui ont été assez niais pour se laisser enrôler, ne ferez-vous pas quelques réflexions sur la vie qui vous attend à la caserne ? Et vous tous, qui n’aviez, jusqu’ici, jamais entrevu la vie militaire qu’à travers la fumée de l’encens que lui brûlent les poètes, ne comprendrez-vous pas toute la rouerie de ces écrivains bourgeois qui ont célébré sur tous les tons les vertus militaires ! l’honneur du soldat !! et la dignité guerrière !!! Allez, pauvres diables qui, en vertu de ce mot : « Patrie », ou de la peur du conseil de guerre, allez flétrir les plus belles années de votre jeunesse dans ces écoles de corruption que l’on appelle casernes. Allez, et sachez le sort qui vous attend.

Si vous voulez finir votre temps de service sans accidents, laissez dans vos habits de civil tout instinct de dignité personnelle ; refoulez au plus profond de votre cœur tout sentiment d’indépendance : les vertus et l’honneur militaire exigent que vous ne