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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

tous les pores, plus forte et plus vivace que jamais, de tous ces matériaux bouleversés.

L’évolution s’est faite bien lentement, mais il est arrivé un moment où elle n’a pu continuer sans mettre en péril l’ordre de choses existant ; elle a continué son œuvre, et la montagne, minée par sa base, s’est écroulée en bouleversant tout à sa surface.


Autre exemple. On sait que la mer se retire peu à peu de certaines côtes et qu’elle envahit certaines autres. Ses vagues, en venant déferler sur certaines plaines, en détachent des matériaux qui lui laissent la place pour empiéter sur les terres, pendant que ces mêmes matériaux, transportés à d’autres endroits, aident à la terre ferme à gagner sur la mer. Ce travail se fait si lentement que c’est à peine s’il est perceptible : quelques centimètres par siècle, paraît-il. Cela n’empêche pas, pourtant, qu’il arrive un jour où, — au bout de dix mille ans, cent mille ans ; qu’importe la durée ? — la barrière qui résistait aux flots n’est plus assez compacte pour contenir leur assaut ; elle crève à un dernier choc, et la mer, puisant de nouvelles forces dans la résistance qu’elle trouve dans sa marche, envahit la plaine, détruisant tout sur son passage, jusqu’à ce qu’elle s’arrête au pied d’une nouvelle barrière qui endiguera à nouveau les flots pour une période plus ou