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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

et, dans une nouvelle attaque, la lancent contre le mur d’où ils l’ont arrachée, et s’en servent comme d’un bélier pour en arracher d’autres qui se transformeront en moyens d’attaque à leur tour. La lutte peut durer des milliers d’années ; la falaise ne semble pas diminuée, jusqu’au jour où, minée par sa base, elle s’effondre sous un nouvel assaut, livrant passage aux flots triomphants.


Certes, nous ne demanderions pas mieux que l’évolution de notre société se fît d’une façon lente mais continue, nous voudrions qu’elle pût s’opérer sans secousse ; mais cela ne dépend pas de nous. Nous accomplissons notre besogne de propagande, nous semons nos idées de rénovation ; c’est la goutte d’eau qui s’infiltre, dissout les minéraux, creuse et se fait jour jusqu’au pied de la montagne. Pouvons-nous empêcher que la montagne s’écroule, brisant les étais que vous y avez ajoutés pour la consolider ?

Les bourgeois seuls sont intéressés à ce que la transformation se fasse sans secousse. Dès lors, pourquoi, au lieu d’essayer de maintenir la montagne telle qu’elle est et de l’étayer dans ce but, ne nous aident-ils pas à la niveler et à faire que l’eau puisse s’écouler lentement vers la plaine, emportant les matériaux inutiles ou nuisibles, où ils exhausseront le sol jusqu’à ce que la surface soit égalisée ?

Les insensés ! ils ne veulent rien céder de leurs