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ET L’ANARCHIE

privilèges ; comme la falaise, ils se croient invulnérables aux flots qui les attaquent. Que leur importent les quelques concessions qu’on leur a arrachées en un siècle ? Leurs prérogatives sont tellement immenses que le vide ne se fait pas trop sentir ; mais le flot a fait brèche ; c’est avec les propres matériaux arrachés à ses exploiteurs qu’il se rue de nouveau à l’attaque, s’en faisant une arme pour achever de les détruire. Nous avons contribué à l’évolution ; qu’ils ne s’en prennent qu’à eux-mêmes et à leur résistance insensée si elle se transforme en révolution.


Et, certes, il suffit d’étudier un peu, sans parti pris, le fonctionnement du mécanisme social pour voir que les anarchistes n’ont été amenés à être révolutionnaires que par la seule force des choses. Ils ont reconnu que la cause des maux dont souffre la société est dans son organisation même ; que tous les palliatifs proposés par les politiciens et les socialistes ne peuvent absolument rien améliorer, parce qu’ils s’attaquent aux effets au lieu d’en supprimer la cause.

Quand on est bien repu, qu’on a satisfait plus ou moins complètement ses besoins, il est facile d’attendre. Mais ceux qui ont faim physiquement et intellectuellement, une fois le mal reconnu, ne se satisfont plus d’entrevoir un avenir meilleur ; ils

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