Page:Grave - La Société mourante et l’anarchie.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
LA SOCIÉTÉ MOURANTE

sont tentés de passer du domaine de la spéculation à celui de l’action.

N’est-ce pas le propre des individus pleinement convaincus d’une idée de chercher à la propager, à la traduire en acte ? L’homme fortement épris d’une vérité peut-il s’empêcher d’essayer de la faire accepter par d’autres, et surtout de la réaliser en y conformant ses actes ? Et, dans la société actuelle, essayer de mettre des idées nouvelles en pratique, n’est-ce pas faire acte de révolte ? Alors, comment veut-on que ceux qui ont tout fait pour propager les idées nouvelles, pour faire comprendre les maux dont on souffre, en expliquer les causes, en démontrer le remède, faire toucher du doigt les joies d’une société meilleure, comment veut-on que ces hommes aillent se mettre en travers de la route de ceux qui cherchent à réaliser les idées qu’ils leur ont expliquées, et leur disent : « Contentez-vous de jouir en expectative, continuez de souffrir, prenez patience ; peut-être un jour vos exploiteurs consentiront-ils à vous faire quelques concessions. » Ce serait une horrible moquerie.


Oh ! certes ! nous ne demanderions pas mieux que de voir les bourgeois comprendre eux-mêmes le rôle odieux de leur situation, renoncer à exploiter les travailleurs, faire remise de leurs usines, de leurs maisons, de leurs terres et des mines à la collectivité, qui s’organiserait pour les mettre en œuvre à