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ET L’ANARCHIE

Du reste, l’idée anarchiste ne repousse nullement le concours de ceux qui, ayant peu de goût pour la lutte active, se bornent exclusivement à semer des idées, à préparer l’évolution future ; elle ne demande même pas qu’on les accepte dans leur ensemble. Tout ce qui attaque un préjugé, tout ce qui détruit une erreur, tout ce qui proclame une vérité fait partie de leur domaine. Les anarchistes ne dédaignent aucun concours, ne repoussent aucune bonne volonté et ne demandent pas mieux que de tendre la main à tous ceux qui ont quelque chose de neuf à apporter. Ils se contentent de coordonner les efforts, de synthétiser les aspirations, afin que les individus puissent lire dans leur propre volonté.


Impossible enfin aux anarchistes, quand même ils le voudraient, d’être pacifiques ; de par la force même des choses, ils seront poussés vers l’action. Peut-on supporter les tracasseries d’un policier, quand on a compris le rôle ignoble qu’il joue ; peut-on subir les insolences d’un robin lorsque la réflexion l’a dépouillé de l’auréole sacrée dont il s’entourait ? Peut-on respecter le richard qui se vautre dans le luxe quand on sait que ce luxe est fait de la misère de centaines de familles.

Peut-on consentir à aller, dans les casernes, servir de jouet aux gardes-chiourme de ses exploi-

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