Page:Grave - La Société mourante et l’anarchie.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
215
ET L’ANARCHIE

elle vous éloigne du but visé, en vous donnant le contraire des résultats espérés.

Ainsi, prenons, par exemple, le suffrage universel dont nous avons parlé au début de ce chapitre : c’est vite fait de dire, comme certains contradicteurs qui, ne voyant que le fait, nous disent : « Pourquoi n’essayez-vous pas d’envoyer des vôtres à la Chambre, où ils pourraient imposer les changements que vous demandez, ou, tout au moins, grouper plus facilement, des forces pour organiser la Révolution ? »

Par une opposition bien entendue et bien conduite, le vote pourrait, certainement, amener une révolution tout aussi bien qu’un autre moyen, mais, comme c’est un parfait instrument d’autorité, il ne pourrait que produire une révolution politique, autoritaire ; voilà pourquoi les anarchistes le repoussent à l’égal de l’autorité elle-même.


Si notre idéal était de n’accomplir une transformation de la société qu’au moyen d’un pouvoir fort qui plierait la foule sous une formule donnée, on pourrait essayer de se servir du suffrage universel, chercher à travailler la masse pour l’amener à confier à quelques-uns des nôtres, le soin de ses destinées en les faisant maîtres d’appliquer nos théories. Quoique nous ayons vu pourtant, au chapitre Autorité, en traitant du suffrage universel, qu’il n’était bon qu’à faire ressortir les médiocrités, qu’il com-