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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

portait trop de platitude et d’avachissement de la part de ceux qui aspirent à la délégation, pour qu’un homme sincère et un peu intelligent, consente à solliciter un mandat.

Justement, ce qui fait la faiblesse du parti collectiviste, dans les luttes électorales, c’est que des hommes relativement plus intelligents, ont été battus par les possibilistes qui ne comptent que des perroquets de tribune, sans aucun fond ; c’est qu’ils ont voulu maintenir intact — pas partout, pourtant — leur programme révolutionnaire, et en même temps se présenter avec un programme de réformes. L’électeur, qui est pourtant bien bête, s’est dit : « Si je dois, malgré tout, faire la révolution, à quoi bon demander des réformes ? Si ces réformes n’empêchent pas d’avoir recours aux armes, à quoi bon envoyer des députés, les proposer à la Chambre ? » S’il ne s’est pas tenu ce raisonnement sous la forme concrète où nous le présentons — et qui, en effet, serait un peu trop au-dessus de l’intelligence moyenne des électeurs, — c’est ce qui est ressorti des débats des réunions électorales, c’est ce qui s’est présenté intuitivement à son cerveau, et il a voté pour les radicaux qui lui vantaient l’efficacité des réformes qu’ils lui promettaient, pour un petit nombre de possibilistes qui, eux aussi, se sont mis à prêcher les vertus des panacées parlementaires, les agrémentant et les corsant — en vue de flatter les travailleurs — de