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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

en démontrant ce que nous serions réellement, si nous nous abaissions à ces moyens, de vulgaires farceurs.

On sait, de plus, quelle est l’imperfection de la nature humaine ; nous risquerions fort, dans notre choix, de tomber sur des ambitieux et des intrigants qui, une fois dans le milieu bourgeois, en profiteraient pour se créer une situation et lâcher les idées. Quant à ceux qui seraient sincères, nous les enverrions dans un milieu pourri où leur bonne foi ne pourrait que constater leur impuissance et se retirer, ou bien, se plier aux mœurs parlementaires et s’embourgeoiser à leur tour.

Or, nous qui cherchons à prémunir la masse contre l’engouement des individualités, qui cherchons à lui faire comprendre qu’elle n’a rien à en attendre, nous aurions tout bonnement travaillé à porter des individus au pinacle. La trahison de ces individus ne serait pas sans jeter quelque défaveur sur les idées. Il y en aurait beaucoup plus qui diraient : « Les anarchistes ne valent pas mieux que les autres », que de ceux qui savent séparer les individus des idées, et ne pas faire supporter aux unes la faiblesse et l’indignité des autres.

Après avoir perdu un temps précieux, usé des forces inutilement à faire triompher ces individus, il nous faudrait, à nouveau, perdre un autre temps, non moins précieux, user des forces non moins inutilement, pour démontrer que ces individus sont